Ils ont été les premiers élèves de l’école de commerce de Reims – campus CroixRouge. Une promotion qui a su garder contact au fil des décennies !
C ’était il y a cinquante ans. L’école de commerce de Reims, initialement installée au lycée Roosevelt, déménage en périphérie sud de la ville, dans ce qui est en train de devenir le quartier Croix Rouge. Un demi-siècle plus tard, l’établissement est méconnaissable. Nom, environnement, fonctionnement, envergure, etc. cette antenne de « Sup de Co » Paris, ouverte en 1970, a changé du tout au tout.
110 FILLES POUR 100 GARÇONS
Jean Jacques Schott, Philippe Baijot, Bernard Fequant, Yves Rhoné, Christian Lefevre et Jean Pierre Wojewoda font partie de cette première promotion, 1970/ 1973. À leurs côtés, 104 autres camarades, « dont 10 filles », originaires de la région, d’Alsace Lorraine, et « pour plus de la moitié de Paris », dresse Jean Jacques Schott. « Pratiquement tous », des candidats malheureux aux grandes écoles de la capitale (HEC, ESSEC…), ajoute Philippe Baijot. Un groupe divisé en quatre classes. Bien loin des 4 000 étudiants que compte aujourd’hui le site. Le campus rémois a beau ne pas être leur premier choix, « on était très contents d’y être. Les locaux étaient modernes, lumineux. On avait aussi bien des petites salles pour travailler que de grands amphis spacieux. Et aussi de très bons profsn», résume Christian Lefèvre. Dont un certain Roger Boulanger, professeur d’allemand et ancien déporté à qui un documentaire a été consacré. « Un homme formidable », insiste Philippe Baijot. « On avait de la chance », reprend son ami.
« Les locaux étaient modernes, lumineux. On avait aussi bien des petites salles pour travailler que de grands amphis spacieux »
D’autant plus que la troupe évolue dans une période post 68, encore sous l’influence des Trente Glorieuses. Si bien, « qu’on était sûr de trouver du boulot ! » Les étudiants ont beau être mineurs (jusqu’en 1974 la majorité est fixée à 21 ans), le champagne est indissociable de leurs soirées. Le bureau des élèves (BDE) organise régulièrement des tournées dans les caves de la région, de grandes maisons hébergent certaines soirées. À l’inauguration, en juin 1971, « le champagne coulait à flots, c’était fou », se souvient Jean Jacques Schott. Et lors des galas, des stars comme Nino Ferrer assurent le spectacle. De quoi alimenter encore un peu plus l’image « de riches » qui colle à ces jeunes gens, notamment à la faculté de lettres. Les deux établissements ont beau être voisins, leurs élèves se fréquentent peu. « Les profs de la fac nous voyaient comme des ennemis car on était formé pour travailler ; que c’était un trop beau cadeau fait aux entreprises car c’était à elles de nous former », avance Christian Lefevre. Et puis, contrairement à l’université, l’école de commerce n’est pas politisée. La caricature : faculté pour les pauvres prolétaires et école de commerce pour les riches de droite, est déjà tenace. Pourtant, nul besoin de contracter un prêt étudiant ou de piocher dans la fortune familiale pour régler les frais de scolarité dans les années 70. Comme la plupart des écoles supérieures de commerce et d’administration des entreprises (ESCAE), le campus de Reims est soutenu par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) locale, désireuse de fournir de jeunes cadres au tissu économique local. « Les frais de scolarité s’élevaient à 500 F la première année, 1 000 F la deuxième et 1 500 F la troisième », se souvient encore Jean Jacques Schott. Un job d’été suffisait à régler la note. « On était globalement plus insouciants, plus libres », résume Philippe Baijot. Des conditions propices à créer des liens de camaraderies. « Il y a quelque chose d’assez fort entre nous », reprend l’ancien président de Lanson.
Article L'union-28.3.2024 - de l'ESCAE à NEOMA-REIMS
Alice Beckel
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