Encre sympathique de Patrick Modiano, aux éditions Gallimard

Notre Prix Nobel de littérature national ne repose pas sur ses lauriers : il continue à produire de jolis ouvrages qui donnent à réfléchir.

Encre sympathique est une enquête aux sources de la mémoire : devons nous obligatoirement chercher à retrouver ce qui a disparu ? Ce que l’on a oublié, égaré, perdu, avons-nous intérêt à l’acquérir de nouveau ? Ou bien, le mystère qui entoure ces disparitions ne nous permet-il pas de donner du relief à notre vie ? Et si nous lâchons prise, n’avons-nous pas plus d’espoir que cela revienne naturellement ? Ce roman qui prend pour prétexte une investigation de la part d’un détective privé est pour moi une vraie source d’inspiration philosophique. Ne tombez donc pas dans le piège de sa concision (137 pages) et de le terminer en quatrième vitesse ; prenez le temps de savourer chaque chapitre, chaque paragraphe, chaque phrase, chaque mot, afin de profiter du plaisir de se souvenir des meilleurs moments oubliés.

Extrait choisi :

« Je tente, avec le plus d’exactitude possible, d’écrire noir sur blanc les paroles que nous avons échangées ce jour-là. Mais beaucoup d’entre elles m’ont échappé. Toutes ces paroles perdues, certaines que vous avez prononcées vous-même, celles que vous avez entendues et dont vous n’avez pas gardé le souvenir, et d’autres qui vous étaient adressées et auxquelles vous n’avez prêté aucune attention… Et quelquefois, au réveil, ou très tard dans la nuit, une phrase vous revient en mémoire, mais vous ignorez qui vous l’a chuchotée dans le passé. » 

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