Ilan Benhaim (PGE 01) « Il faut renforcer notre fierté d'appartenance. »

Depuis le 16 décembre dernier, Ilan Benhaim est le nouveau président NEOMA Alumni. Dans cette interview extraite du dernier numéro de NEOMA Alumni Mag (#26), il détaille ses ambitions pour porter plus haut et plus loin l'association.

Vous vous impliquez activement depuis six mois au sein de l’association et vous en devenez aujourd’hui le président. Pourquoi ce choix de davantage d’implication ? 

En 2012, je suis contacté pour être donateur de la Fondation dans le cadre de leur première campagne de levée de fonds, qui a donné lieu par la suite à la création des premiers incubateurs. À l’époque, j’avais conditionné mon engagement au fait de pouvoir faire partie de l’équipe de fundraising. Lors de la première réunion, on me présente une liste de très nombreux alumni successfull. Je n’en connaissais pas la moitié. Ça m’a vraiment frappé et je me suis dit que l’école que j’ai faite était le meilleur rapport qualité-prix au monde. (Rires) Depuis ce temps-là, j’ai toujours été titillé par cette problématique : comment cela se fait-il qu’on n’arrive pas à donner plus de fierté aux anciens élèves ? Les classements très récents de l’école sont excellents. Les carrières et les postes des alumni sont souvent prestigieux. Toutes les raisons sont là pour que nous soyons tous collectivement fiers. C’était ma condition pour devenir président et c’est cette ambition que je porte : renforcer la fierté d’appartenance pour continuer à porter haut les couleurs de NEOMA à travers et au-delà de notre réseau. 

Quelles sont vos autres ambitions pour NEOMA Alumni ?

Il s’agit d’abord de développer les synergies entre l’employabilité et le monde des affaires via de nouvelles offres. Certaines sont déjà en place comme le pôle CareeR CenteR® et le Firm Management, d’autres sont à créer ou en cours d’élaboration et nous allons les renforcer. Un réseau, surtout celui d’une école de commerce, n’est véritablement efficient que s’il permet des interactions de business. J’aime bien l’analogie du billard à trois bandes lorsqu’on parle du réseau qui consiste à vous mettre en relation avec une personne qui vous met en contact avec une autre, qui en connait encore une autre… Pour que ça fonctionne : il faut toujours un tiers de confiance. Je vais donc créer un Business Center au sein de l’association. Il faut ensuite soutenir notre écosystème NEOMA qui passe par le giving back vis-à-vis de notre alma mater. NEOMA BS nous a beaucoup apportés. À nous de l’aider ! À nous de contribuer à son succès, que ce soit en nous aidant à mettre à jour vos coordonnées, en témoignant sur votre parcours auprès des élèves actuels pour développer leur fierté d’appartenance, en participant au recrutement des futurs élèves lors des jurys d’admissibles et enfin en vous engageant à contribuer financièrement sur les projets de développement portés par la Fondation NEOMA.

En sortant de l’école, je ne savais pas que cette association existait. On ne me l’avait jamais dit. Nous avons ici un premier sujet : celui de travailler à la source pour nous faire davantage connaître auprès des étudiants. Si tu ne sais pas à quoi cela sert de cotiser, tu ne cotises pas. Il y a donc un vrai travail de fond à faire là-dessus. NEOMA Alumni doit être le S.A.V. à vie de l’école. Dans ce sens, je souhaite créer un Hall of Fame sur chacun des campus, avec trois cents photos d’alumni emblématiques. C’est important pour des jeunes d’avoir des modèles comme ceci à suivre. Comme lorsque petit, j’avais dans ma chambre des posters de joueurs stars. 

Qui aviez-vous sur vos posters d’enfant ?

André Agassi. C’était le rebelle ultime. Il avait les cheveux long, un bandeau et une boucle d’oreille en forme de tour Eiffel. Il ne respectait pas les conventions, faisait le show et tranchait avec les autres joueurs un peu ternes.

Vous étiez plus Agassi que Sampras ?

Oui. (Rires) Je ne sais pas si je me définis comme rebelle, mais ce qui est sûr c’est qu’il ne faut jamais prendre pour acquis ce qu’on te dit. Quand tu es entrepreneur, tu apprends en faisant par toi-même. Tu peux te nourrir de conseils ou d’avis, mais à la fin du chemin, c’est toi qui décides. Au tout début de vente-privée.com, j’avais externalisé la logistique. Au bout de trois mois, je me rends compte que rien ne fonctionne. Le prestataire que je payais ne savait en réalité pas comment faire car l’activité était nouvelle. Il était en train d’apprendre sur le dos de Vente-privée.com. J’ai donc tout remis en interne et j’en ai tiré la leçon suivante : tu ne peux externaliser une tâche que si tu sais la faire. Si tu ne sais pas, tu apprends. Mon côté rebelle est peut-être là : je n’ai pas peur de me planter. 

Cela vous est-il déjà arrivé de faire des erreurs ?

Tous les jours. L’expérience de vente-privée.com aux États-Unis en 2011-2012 en est la meilleure preuve. Le groupe a perdu de l’argent, mais a énormément appris. Maintenant, je sais aller aux États-Unis et remonter une boîte. Un entrepreneur qui a réussi est juste un entrepreneur qui a plus de réussites que d’échecs. C’est d’ailleurs le problème qu’il y a avec l’éducation scolaire européenne. Nous sommes très perfectionnistes. Or, la perfection n’existe pas, elle se construit. Un problème n’a pas qu’une seule solution. En réalité, il faut pouvoir sortir des sentiers battus pour défricher et trouver d’autres résultats, d’autres voies du succès. C’est aussi ce qui me plaît dans ce nouveau poste de président : c’est une mission post-Covid, où il va falloir aller trouver des nouvelles solutions justement. 

À l’heure de LinkedIn et des réseaux sociaux, une association d’alumni est-elle encore pertinente ? 

Oui, grâce au tiers de confiance dont je parlais plus haut. Si tu me fais un mail sur LinkedIn pour me demander le numéro de Xavier Niel, je ne vais pas te le donner. Par contre, si tu es un alumnus que je connais, avec lequel j’ai déjà fait du business ou participé à des évènements, je vais peut-être te mettre en relation avec lui. Là est notre différenciation avec LinkedIn. Ce réseau social n’est pas un concurrent, mais un complément. Il faut le mettre au cœur de notre stratégie, et y apporter une véritable plus-value de confiance. Et en réalité, c’est pour cette raison précise qu’on existe : pour la confiance et l’entraide que ses membres se portent entre eux.

Quelle est la spécificité de la marque NEOMA par rapport aux autres écoles de commerce ? 

NEOMA Business School est la deuxième plus vieille école de commerce de France. Elle a 150 ans cette année. Il y a donc une grande force du réseau composé de gens qui ont trente ou quarante ans de carrière derrière eux et qui ont un véritable pouvoir économique et politique. L’Histoire est une véritable force, dont il faut se servir. Aujourd’hui, l’école, grâce au travail de Delphine Manceau, sa directrice générale, et de Michel-Édouard Leclerc, son président, est sur une excellente dynamique et poursuit dans le bon sens cette belle histoire. Bien évidemment, nous nous joignons au travail formidable de Delphine et Michel-Édouard pour aider les étudiants et jeunes diplômés. En tant qu’association d’anciens élèves, notre priorité est de les employer. Notre réseau est une véritable force et c’est précisément dans ces moments particuliers qu’il doit être utilisés. 

Qu’est-ce que NEOMA vous a apporté ? 

Ce sont des professeurs qui m’ont donné le déclic de l’entrepreneuriat. Tous les membres de ma famille étaient entrepreneurs, mais visiblement, cela n’avait pas suffi à ce que je sois convaincu. (Rires) En outre, le directeur de l’époque m’a dispensé de deux mois sur ma fin de formation parce que j’avais monté ma boîte. Il avait compris la situation et savait que c’était le plus important pour moi.

Qu’est-ce qui vous motive au quotidien ? 

Si tu veux pouvoir correctement et efficacement bosser, il faut être motivé. Ces sources de motivation, en ce qui me concerne, changent tous les jours. On ne peut pas aligner des gens dans un bateau si tout le monde ne rame pas dans le même sens.