Jérôme Wirotius (PGE 93), DG de Biogaran - "Génériques : la France peut mieux faire !"
Le leader tricolore des médicaments génériques a su développer une belle notoriété auprès du grand public. Sa marque s’est fait une place dans l’esprit des français. Jérôme Wirotius, DG de Biogaran depuis le 1er janvier 2021, évoque les pistes de diversification du laboratoire, filiale de Servier.
Biogaran est le leader des médicaments génériques en France. Que représente ce marché ?
Il pèse 3,7 milliards d’euros par an dans notre pays, soit environ 1 milliard de médicaments délivrés par une dizaine d’acteurs. Mais la pénétration du générique au sein des médicaments remboursés est de 41 % seulement, contre près de 80 % en Allemagne ou au Royaume-Uni. L’explication est simple : ces deux pays autorisent la substitution sur davantage de produits.
Il n’y a donc pas de cadre commun au niveau européen dans ce domaine ?
Non, en vertu du principe de subsidiarité, chaque État de l’Union européenne décide de la « liste » des produits qui sont substituables ou non en pharmacie.
Un tel écart du simple au double dans le taux de pénétration a de quoi interpeler. Les laboratoires en France font-ils preuve de protectionnisme ?
Oui, certains parviennent à se protéger de la substitution en faisant pression pour que leurs produits ne soient pas inscrits dans le répertoire même s’ils ne sont plus sous brevet. Par exemple, si votre médecin écrit Doliprane sur votre ordonnance, votre pharmacien ne pourra pas vous proposer un autre paracétamol. J’ai toutefois bon espoir pour la suite. Notre association professionnelle – le GEMME, qui défend la filière des génériques et des biosimilaires, dont je suis vice-président en charge des affaires économiques – se bat pour élargir le répertoire. C’est indispensable pour le financement de notre système de santé qui est, rappelons-le, unique. Et avec les échéances brevetaires à venir, la part des génériques dans les ventes de médicaments va continuer à augmenter.
Interview par Thomas Lestavel et Alexis Mersch
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