Chaque mardi et samedi, le club littéraire des NOEMES se propose de piquer votre curiosité autour d'un ouvrage, écrit par l'une des plumes de notre réseau, mais pas que...
Le Lambeau, de Philippe Lançon, aux éditions Gallimard
Premier Roman | Ouvrage Alumnus | Nouvelle | Autre |
Philippe Lançon est journaliste à Libération et à Charlie Hebdo. Il était présent dans la salle de rédaction du journal satirique le 7 janvier 2015. Dans cet ouvrage, Philippe Lançon décrit comment il est devenu soudain un lambeau, le visage arraché par les balles des terroristes, et tout le travail de reconstruction qu’il a dû accomplir pour revenir parmi les hommes. Reconstruction physique pour retrouver un visage, réapprendre à parler, réapprendre à manger et à boire… reconstruction morale pour tenter de comprendre (mais peut-on vraiment y parvenir ?) pourquoi il a été visé, pourquoi il en est réchappé et pas d’autres. Et revenir parmi les hommes, non pas pour redevenir lui-même, mais un nouveau Philippe Lançon, avec un nouveau visage, un nouvel état d’esprit, une nouvelle perspective des choses… Partant d’une période noire de sa vie, Philippe Lançon réussit à décrire avec justesse, simplicité et vérité que les épreuves les plus dures se surmontent et peuvent devenir des moments de bonheur. Une vraie leçon d’optimisme. A lire absolument. Extrait choisi : J’ignore si Chloé est revenue me voir dans la nuit du 7 au 8 janvier, après la première opération. Je l’ai vue pour la première fois le 8 janvier, dans ma chambre, cou droit, blouse blanche et sourire aux lèvres : ce fut comme une apparition – et j’écris cela au sens propre, car celui qui la regardait n’était rien de plus qu’un enfant prêt à s’émerveiller de tout ce qui pouvait l’aider à vivre. Si de moi elle ne savait rien, de mon corps elle savait déjà tout ce qui pouvait lui servir – de sa mécanique et de son état de santé. Je lui ai demandé sur l’ardoise si elle voulait une vieille photo de moi en prévision des opérations. Je voulais être utile. Elle a haussé les épaules et souri : « Bah ! je n’en ai pas besoin ! » J’étais surpris. J’aurais aimé lui dire « Comment voulez-vous refaire mon visage si vous ignorez à quoi il ressemblait ? » Je me croyais encore chez Photoshop. ContactsPour nous contacter, un seul mail : |
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