Back to news
Next article
Previous article

Thomas Caniaux (Sup de Co 1998), directeur fusions et acquisitions à la Société Générale

-

NATS Reims

Portraits d'alumni

-

12.15.2017

Désolé, ce contenu n'est pas disponible en English

 A travers cette interview, nous vous invitons à découvrir le parcours de Thomas Caniaux, directeur fusions et acquisitions à la Société Générale. Thomas Caniaux nous présente son métier ainsi que son regard sur l’évolution du secteur M&A FIG.

Je pense que ce secteur demande une spécialisation assez rapide afin d’être rapidement crédible dans un secteur très technique et dans lequel les évolutions réglementaires ont un impact fort.

NATS : Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Thomas Caniaux : Je m’appelle Thomas Caniaux, j’ai 42 ans et je suis un ancien élève de la promotion 1998 de Sup de Co Reims. Je travaille désormais en M&A (en fusions et acquisitions) en charge de la France et du Benelux pour les grands clients Institutions financières au sein de la Société Générale.

NATS : Quel a été votre parcours à Neoma BS ? Aujourd’hui une grande partie la promotion veut faire soit de l’audit soit de la finance, qu’en pensez-vous ?

T. C : J’ai fait un parcours en 3 ans après ma classe prépa. Suite au tronc commun généraliste que Neoma BS proposait, je me suis orienté vers des cours à dominante financière tels que Finance et Evaluation d’entreprise, Finance de marché, Comptabilité, etc.). A l’époque, et pour faire simple, la moitié des étudiants voulait s’orienter vers la finance, le reste vers des métiers plus commerciaux (marketing, vente).

NATS : Quelles ont été vos expériences professionnelles avant de déboucher sur votre poste en M&A FIG ?

T. C : A la suite de mon diplôme, je me suis orienté vers l’audit en ayant signé mon contrat avant même de sortir de l’école. J’ai donc commencé dans le cabinet Salustro Reydel, qui a depuis fusionné avec KPMG. Ces premières années m’ont donné l’occasion de découvrir un grand nombre de secteurs différents, de l’industrie à l’immobilier en passant par la grande distribution et le monde des institutions financières.

C’est durant ces premières années que j’ai fait le choix de me spécialiser dans le domaine des Institutions Financières. Je suis ensuite rentré chez EY en audit spécialisé en institutions financières. Après 5 ans chez EY j’ai finalement reçu une offre des équipes de financements structurés de la Société Générale pour développer l’offre auprès des institutions financières. Depuis, j’ai donc eu l’occasion de travailler en Financements Structurés, puis quelques années après en Equity Capital Market (ECM) et maintenant en M&A FIG (Institutions financières).

NATS : Vos expériences professionnelles étaient-elles orientées dans l’optique de déboucher sur du FIG par la suite ? Ou avez-vous profité d’opportunités qui se sont présentées ?

T. C : Quand je suis sortie de l’école, je ne savais pas forcément ce que je voulais faire. C’est pour cela que j’ai choisi l’audit, c’était un complément de formation qui m’a permis de développer mes compétences techniques et de découvrir plusieurs secteurs. J’ai fait le constat à l’époque que les FIG étaient un secteur très technique et peu connu par les gens, il s’agissait d’une niche en quelque sorte pour faire la différence face aux autres candidats. En générale, quand on parle des Institutions Financières, la plupart des gens pensent à la banque, mais il existe de nombreux autres domaines. J’ai fait ce choix assez tôt dans ma carrière car ce secteur me plaisait mais il requière une spécialisation assez rapide.

NATS : Pour quelqu’un qui veut faire du M&A FIG, pensez-vous que le passage par l’audit est nécessaire/conseillé, et sinon quelles seraient les alternatives ?

T. C : Si l’objectif est de commencer sa carrière en M&A FIG, je pense que l’audit est un plus en termes de méthodologie. Malheureusement, aujourd’hui, pour pouvoir entrer en M&A FIG, il faut souvent avoir une expérience préalable en M&A au travers d’un stage. En général, c’est le dernier stage du cursus scolaire (stage de fin d’étude) qui sera déterminant car il nous arrive souvent d’embaucher directement notre stagiaire si son stage précède sa diplomation (8 cas sur 10). S’il a la possibilité de faire un stage en Audit suivi d’un stage en M&A (idéalement en FIG), cela apportera de la solidité à la candidature car ces expériences complémentaires sont une réelle valeur ajoutée. Aujourd’hui une grande partie des personnes embauchées en M&A ont fait un stage en M&A dans la banque qui les recrute, et dans laquelle ils ont pu faire leurs preuves.

NATS : Vous avez indiqué avoir travaillé en ECM précédemment. Si un stage en M&A est conseillé, un stage en ECM peut-il être une alternative ?

T. C : Il peut y avoir un certain intérêt à faire un stage en ECM sectorisé, et cela est formateur car vous avez tout autant l’occasion de développer des compétences en  analyse financière. Cela peut constituer une alternative si vous n’avez pas réussi à décrocher un stage en M&A. Toutefois, un stage en M&A reste tout de même préférable après une éventuelle expérience en ECM. De nombreux recruteurs cherchent aujourd’hui des candidats qui ont déjà été formés à la gestion d’un processus de fusion-acquisition, c’est pour cela qu’ils ont tendance à favoriser les candidats qui disposent déjà d’une expérience dans ce domaine même si elle s’est passée du côté ‘Corporate’, dans une banque ou une boutique.

NATS : La Société Générale figure parmi les meilleures banques en M&A FIG. Quelle est sa particularité par rapport aux autres institutions financières dans ce secteur ?

T. C : En M&A, la concurrence des banques américaines est forte, mais l’elle est encore plus dans le domaine des institutions financières. En effet, certains acteurs en Europe, et en France tout particulièrement, se refusent à donner des mandats de conseils à des banques concurrentes.

A contrario, nous pouvons aussi intervenir en tant que conseil M&A sur des transactions effectuées par le groupe.

Dans ce contexte, la Société Générale réussi régulièrement à sortir son épingle du jeu, en se positionnant en amont auprès de ses meilleurs clients. En effet, dans toute opération M&A, l’important est d’avoir réussi à mettre en place une relation de confiance et un dialogue stratégique dans la durée avec les clients.

NATS : Les grosses opérations entre banques d’égal à égal sont-elles plus risquée qu’une petite opération entre de petits acteurs ?

T. C : Une opération transformante est toujours très compliquée, et c’est aussi le cas dans le cadre d’un rapprochement entre deux banques. Elle implique aussi souvent d’être financée avec un part d'equity significative. Elles sont traitées avec beaucoup de précaution car sont très risquées, avec souvent des considérations politiques, des impacts sociaux et peuvent avoir des conséquences non prévues : c’est ce que l’on appelle le risque d’exécution.  S’agissant d’un environnement régulé, le risque que l’opération ne puisse pas se faire est aussi important.

NATS : Le Brexit va-t-il affecter vos activités ?

T. C : Cela ne devrait pas affecter de manière significative les activités de fusions-acquisitions. Par contre, certains autres métiers comme les activités de marchés vont certainement devoir (pour partie) se relocaliser.

NATS : Les régulations post-crise ont-elles affecté votre activité ?

T. C : Les institutions financières couvrent en fait de nombreux secteurs, banques, assurances, asset management, etc. La crise a impacté le secteur bancaire et plus généralement l’économie. Le renforcement de la régulation a créé des menaces (OPA/rachat) pour les acteurs en difficulté mais aussi des opportunités pour les acteurs forts. En période faste, il y a toujours des acteurs plus agressifs et les mandats peuvent s’enchaîner. Mais ces activités ne s’arrêtent pas forcément durant les périodes de crises. La crise de 2008 a poussé les banques à mener de nombreuses actions de recapitalisation, le secteur des institutions financières a donc vu ses activités s’intensifier sur cette période avec un léger fléchissement des activités M&A. Et pourtant c’est en période de crise que BNPP a fait sa plus grosse acquisition après le démantèlement du groupe Fortis. Les évolutions réglementaires ont affecté le secteur bancaire mais pas forcément de façon négative, elles ont aussi créé d’autres opportunités pour certains acteurs.

Vous avez toujours plus de chances d’être pris en CDI dans la banque dans laquelle vous avez fait votre stage de fin d’étude par rapport à quelqu’un qui n’a pas fait ce stage.

NATS : Pourriez-vous parler d’une ou deux opérations sur lesquels vous avez travaillé ?

T. C : J’ai pu intervenir sur l’une des opérations les plus importantes de la banque privée en France : le rapprochement entre la banque Martin Maurel (un des derniers acteurs familiaux sur la banque privée en France), conseillée par la Société Générale, et le groupe Rothschild (plus diversifié sur le plan géographique avec une forte dépendance à son activité de M&A, cherchant à se diversifier en renforçant son activité de banque privée). Ce qui était intéressant était de se retrouver en face de Rothschild en tant qu’acheteur alors qu’il s’agit aussi de l’un de nos plus grands concurrents dans le domaine du M&A.

Une opération un peu plus lointaine est celle du rapprochement entre PSA Banque et le groupe Santander. Le groupe PSA, conseillé par la Société Générale (et qui a sa propre banque captive), a été affecté par les difficultés qu’avait connues le secteur automobile à cette époque. La banque a donc du chercher à s’adosser et a initié des discussions avec Santander pour la mise en place d’un partenariat sur une douzaine de pays.

Nous avons donc négocié avec Santander en Europe puis au Brésil. Cela fait donc 12 régulateurs différents à approcher pour pouvoir finaliser l’opération. Il s’agit d’une situation relativement risquée car il y a toujours la possibilité qu’un régulateur freine les négociations. Dans ce cas l’opération n’est pas arrêtée mais il faut faire preuve d’adaptabilité et renégocier les termes du contrat sur un périmètre différent ou modifier les termes de l’accord initial. Il s’est ainsi passé 3 ans entre le début des discussions et le closing de l’opération. Un exemple qui vous montre que pour travailler en M&A il faut s’armer de patience.

NATS : Pour finir avez-vous des conseils pour les étudiants de Neoma BS qui souhaitent travailler en M&A FIG ?

T. C : Il faut oser et tenter sa chance. Je reçois régulièrement des CV et en général les candidats ont presque tous le même profil en termes de formation. Ceux qui font la différence sont souvent ceux qui ont déjà effectué un stage en M&A, mais aussi et surtout qui sont capables de montrer qu’ils sont motivés et qu’ils connaissent le secteur en profondeur. Il faut s’y intéresser, suivre l’actualité, et chercher quelles sont les spécificités du secteur.

Comme je l’ai dit au début, que ce soit dans le secteur des Institutions Financières ou même de manière plus générale en M&A, vous avez toujours plus de chances d’être pris en CDI dans la banque dans laquelle vous avez fait votre stage de fin d’étude par rapport à quelqu’un qui n’a pas fait ce stage. Pour des raisons très simples qui sont que vous avez déjà été formés aux outils spécifiques utilisés par la banque. Pour finir, je pense qu’il faut aussi savoir prendre des risques pour pouvoir se démarquer.

Toute l’équipe de Neoma Alumni Team Support tient à remercier Thomas Caniaux pour sa contribution à cette interview.

Interview rédigée par Alexis Préau et Amal Qadhi. 

J'aime
2329 vues Visits
Share it on

Comments0

Please log in to see or add a comment

Suggested Articles

Portraits d'alumni

Catherine Benmaor (PGE 92): "Not to lose history, to tell it, share it, and pass it on"

photo de profil d'un membre

Yvan Lozac'hmeur

June 01

Portraits d'alumni

Charline Pouillet (PGE 22) s'attaque au triathlon de Deauville contre la maladie de Huntington !

photo de profil d'un membre

Yvan Lozac'hmeur

May 16

Portraits d'alumni

Guillaume Schegg (GBBA 20) co-fonde LXIR, la première boisson solide industrialisée en France

photo de profil d'un membre

Baha-Can Karabag

April 06