Jean Teulé a pour habitude de s’inspirer d’événements historiques et de broder un roman en utilisant uniquement des faits réels ; cette fois-ci il s’attaque à la bataille d’Azincourt, une des plus grandes défaites françaises face aux Anglais.

Avec son style toujours aussi enlevé, et donc plaisant, Jean Teulé explique clairement pourquoi l’armée française dans toute sa splendeur a réussi – grâce à son obséquiosité et à sa morgue – à se faire laminer par le reste d’une armée anglaise affamée, malade et en déroute.

On s’amuse en lisant cet ouvrage, car – comme le dit Jean Teulé lui-même – ce fut grandiose !

Extrait choisi :

« Ah, oui, les bannières !... Pendant que des quantités de valets, une scie à la main, s’immiscent difficilement entre les rangs afin de faire passer de quatre à deux mètres les tiges de frêne terminées par une pointe métallique – arme fondamentale des batailles médiévales -, c’est un délire de soie au-dessus de la chevalerie démontée, un carnaval de couleurs éclatantes. Secoués par des bourrasques de pluie, des oriflammes et des étendards à foison ventellent en exhibant leurs motifs d’armoiries : rabot, haches croisées… Des dauphins se mêlent à des dragons. Trois faucons sur fond jaune remuent près d’un aigle agité dont les ailes déployées balaient la visière percée de trous d’un baron qui s’en trouve avec la visibilité restreinte. Un serpent couronné avalant un enfant tournoie devant la fente étroite du bassinet d’un comte qui n’y voit plus grand-chose. Il y en a trop. » 

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