Peut-on appeler cet ouvrage un roman ? En effet, comme l’indique l’auteur (remarquablement traduit par Nathalie Bauer), si l’histoire est le fruit de son imagination, celle-ci repose totalement sur des faits réels et est exécutée sans arbitraire.

Nous trouvons ici la première partie de l’histoire de Benito Mussolini et de sa prise de pouvoir sur l’Italie. Au travers de ce livre, le lecteur comprend beaucoup mieux comment les événements se sont mêlés pour favoriser la montée en puissance de l’écrivain modeste qu’était Benito Mussolini dans les années 1919, jusqu’à la mainmise du mouvement fasciste sur la vie du pays et la soumission du parlement italien à un seul homme en 1924. Avec effroi on se rend compte combien l’équilibre de la démocratie est fragile et dans quelle mesure le basculement d’une nation vers un extrême – quel qu’il soit – tient à un fil.

Que l’on aime Mussolini ou non, on apprend beaucoup sur lui et sur le fascisme au travers de ce livre, et c’est avec impatience que l’on attend la suite (car il y a une suite…).

Extrait choisi :

« La guerre est un domaine trop sérieux pour l’abandonner aux généraux : ils ne connaissent pas la double pensée, ne savent même pas penser, ils sont incapables d’établir une distinction entre la guerre et la guerre psychologique, entre la menace de violence et la violence. Il faut faire semblant, c’est toute une philosophie… Proclamer, mobiliser, armer, s’éreinter un peu puis… feindre de marcher en marchant vraiment. Ou vice-versa, choisissez donc. Il s’agit en tous les cas de fanfares, de cris, d’hymnes, de quelques gouttes de sang. Il s’agit d’une fiction qui requiert un excès de réalité pour être crue. Au fond, tout grand acte constitue, dans le meilleur des cas, une hypothèse, un symbole. Mieux vaut ne pas évoquer le pire. » 

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