"Immortel, enfin", de Pauline Dreyfus

Après plusieurs nouvelles et une biographie (celle de Robert Badinter), Pauline Dreyfus publie ici son premier roman. Elle choisit pour cela de partir d’un fait véridique – le processus de l’élection de Paul Morand à l’Académie française en 1968 – et d’imaginer tout ce qu’il ressentait lors de cette étape : mélange de joies, d’inquiétudes, d’espoir, de désolation en fonction des événements et des rumeurs qu’il entendait. Pauline Dreyfus fait aussi entrer en scène de nombreux personnages plus ou moins en vogue à l’époque mais qui aujourd’hui apparaissent avec le recul prendre toute leur place dans la campagne de l’élection de ce grand écrivain. De surcroît, l’auteur a su avec finesse adopter les touches stylistiques de Paul Morand pour recréer avec talent l’atmosphère qui existait à l’époque. Un très joli livre.

Extrait choisi :

« La veille du vote, l’incertitude règne encore. Le téléphone a rarement autant sonné avenue Charles-Floquet. Jacques Rueff appelle pour dire qu’il doit s’envoler pour New York le lendemain et ne pourra donc pas voter. René Huyghe confirme qu’il est retenu à Venise. Sans parler du courrier : une lettre de Louis Arnaud annonce son absence, il donne une conférence à San Sebastian. Les feuilles rousses qui jonchent le Champ-de-Mars semblent annoncer un désastre.

Paul s’affole. Et si, une fois de plus, l’Académie lui échappait ? Il dit son inquiétude à Genevoix, le secrétaire perpétuel, qui ne le rassure pas : à cet instant précis, l’homme le fait penser à un chien de berger renonçant à assembler ses moutons. »

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