A 26 ans, Emmanuel Nataf (MGE 2014) est le co-founder, avec Ricardo Fayet, passé par HEC, de Reedsy, plateforme digitale d'autoédition dont les bureaux sont à Londres. Diplômé de NEOMA Business School, au campus de Rouen, il a bien conscience de n'avoir pas tout à fait le profil de l'élève classique d'école de commerce.
S'il aura fallu quelques années pour que les startups françaises attirent l'attention méritée et que les écoles de commerce s'adressent, de façon pragmatique, à leurs élèves tournés vers l'entrepreneuriat, certains d'entre eux n'auront pas attendu les modifications de programmes et les tendances pour se voir pousser des ailes et la volonté d'entreprendre. Avec ambition et succès.
Le parcours
Emmanuel est un entrepreneur dans l'âme. Bien avant d'entrer à NEOMA BS, il lance des projets de startups. Il voit les choses en grand, que ce soit pour la photographie, qu'il pratique en amateur aguerri, ou pour ses projets professionnels.
Diplômé Master Grande Ecole en 2014 à Rouen, Emmanuel salue les initiatives et les axes d'enseignement de Denis Gallot et invite l'école à aller toujours plus loin dans les services et outils offerts aux élèves-entrepreneurs.
Pour lui, c’est une grande force pour les écoles de commerce, que celles-ci devraient mettre fièrement sur le devant de la scène.
L'école
NEOMA ALUMNI – Qu’as-tu le plus utilisé des enseignements NEOMA BS ?
Emmanuel Nataf – Je peux dire que les cours de finance d’introduction à la valorisation des entreprises ont été utiles, ainsi que les cours d'introduction aux régressions, pour comprendre le machine learning, et enfin, les cours sur les lean startups étaient utiles pour comprendre comment construire un produit et trouver son marché (ce qu’on appelle le product market-fit).
PRENDRE EN COMPTE LES ENTREPRENEURS
Il y a des choses qui s’apprennent à l’école et d’autres qui ne s’enseignent pas ou que, d’une façon ou d’une autre, il faut aller chercher soi-même. Après tout, n’est-ce pas un trait propre à l’entrepreneur que d’être curieux et proactif ?
Emmanuel Nataf a découvert le marketing des startups par lui-même. En 2014, le silence sur les outils d'analytics, social advertising, search advertising, content marketing, SEO, conversion tunnels, drip campaigns et sur le support client l’étonne, il aurait voulu entrer alors dans le vif du sujet.
L’INCUBATEUR NEOMA BS
NEOMA ALUMNI – Tu as profité de l'incubateur à NEOMA ?
Emmanuel Nataf – Encore une fois, c'est une excellente initiative de la part de Denis Gallot. Moi, mon projet ne rentrait pas dans les cordes de la structure : j'aurais voulu rencontrer tout de suite des designers ou des ingénieurs de haut niveau et profiter d’un fonds d'investissement plus conséquent. A mon époque, l'incubateur ne répondait pas parfaitement aux spécificités de mon projet.
LES FORCES DE L'INCUBATEUR NEOMA BS AUJOURD'HUI
L'Incubateur de NEOMA Business School accompagne les porteurs de projets, depuis l’idée jusqu’à la création de l’entreprise. La structure offre un accès gratuit à des bureaux avec Internet et téléphonie 7 jours/7 et 24h/24 sur les trois campus de l'école (Reims, Rouen et Paris).
Cet hébergement mutualisé permet aux porteurs de projets de se rencontrer, d’échanger sur leurs problèmes, de partager leurs solutions.
Les incubés ont également accès à une cellule web constituée de développeurs, des événements, des concours, des moments d’échange avec des professionnels, des voyages d’études...
Depuis sa création en 2011, 75 startups y ont été lancées.
- En savoir plus sur l’Incubateur NEOMA BS : http://incubateur.neoma-bs.fr
- Suivre les projets sur Facebook : https://www.facebook.com/groups/103888610103762
Culture
NEOMA ALUMNI – Tu as des conseils de lectures pour les entrepreneurs en herbe ?
Emmanuel Nataf – D'une façon générale, je ne recommande pas de lire trop de livres sur l’entrepreneuriat. Il y en a beaucoup, c’est intéressant, mais ce ne sont pas ces ouvrages qui vous conduisent à trouver de nouvelles idées. J’en citerais deux, si vraiment le sujet vous intéresse :
- Dan Senor et Saul Singer, Start-up Nation, 2009 : bien que daté, il donne une idée de l’état d’esprit nécessaire pour entreprendre.
- Jason Fried et David Heinemeier, Remote : Office not required, 2013 : bien pour apprendre Basecamp (l’outil de project management) et comment ils ont créé une belle entreprise remote sans financement extérieur.
- Brad Feld, Venture Deals: Be Smarter Than Your Lawyer and Venture Capitalist : couvre la plupart des concepts légaux sur l’investissement dans les startups
En fait, pour le reste, je recommande surtout d’aller au musée, de voir des films, de rencontrer des personnes d’autres milieux, de voyager. Ce sont ces choses-là qui donnent de l’inspiration pour entreprendre.
NEOMA ALUMNI – Tu as des lectures digitales également ?
Emmanuel Nataf – Je vous conseille de lire des choses sur la crypto-monnaie (cryptocurrencies en anglais) et les blockchains (le terme de « chaîne de blocs » est utilisable en français) :
Ensuite, il y a beaucoup à apprendre des meilleures VC :
- http://snapstorms.com : Mark Suster donne ses « trucs » sur Snapchat
- http://tomtunguz.com : pour apprendre comment marche le monde des sociétés SaaS
- http://avc.com/
- http://feld.com/
Enfin, TechChrunch qu’on ne présente plus.
NEOMA ALUMNI – A quelles newsletters es-tu abonné ?
Emmanuel Nataf – Je lis The Exponential View pour ce qui concerne l’intelligence artificielle, Brain Pickings sur la littérature et https://machinelearnings.co sur le marchine learning et l’IA.
Conseil d’entrepreneur
Aux yeux d’un entrepreneur, le risque serait d’être enfermé dans une bulle. Et autant être vigilent dès l’école où il ne faut pas étouffer sa créativité et son ambition.
Le manque de diversité conduit les élèves à créer des entreprises trop basiques, qui ne répondent principalement qu’à leurs besoins d’étudiants.
NEOMA ALUMNI – Comment cultiver sa différence d’entrepreneur au sein même de l’école ?
Emmanuel Nataf – Tu sais, en hébreu, le terme « chutzpah », signifie « effronté », et il est souvent utilisé pour définir le comportement des Israéliens au sein d'une hiérarchie. Une attitude difficile à appréhender lorsqu'on est d'une autre culture, mais j’aimerais soulever un point de vigilance : si tu es un entrepreneur, tu ne peux pas te contenter, comme c’est souvent le cas dans les écoles de commerce françaises, d’aller aux beuveries, de valider tes partiels. Il y a une différence entre un entrepreneur et quelqu’un qu’il faut formater aux entreprises du CAC 40. Du coup, quand tu es plutôt « chutzpah », ça ne passe pas trop, mais je pense qu’il est important de rechercher la différence, la nouveauté et l’innovation.
NEOMA ALUMNI – Quel serait ton conseil par rapport à ça ?
Emmanuel Nataf – Il faut être ambitieux et avoir faim ! Si on veut créer une startup, l’idée ne vient pas d’une réponse simple à un besoin personnel. Combien d’élèves d’école de commerce songent à lancer des services destinés à simplifier la vie des élèves (assurance, restauration, économie du partage, etc.) ? Il faut des projets plus ambitieux et, pour ça, il faut se cultiver, s’ouvrir à d’autres choses : par exemple, pousser les portes des musées !
Reedsy
Lancé en fin 2014, Reedsy est une plateforme d'autoédition, proposant aux utilisateurs un ensemble de services et d’outils pour réaliser un ouvrage, digital ou papier.
Cinq cents freelances, dont des grands noms de leur profession, accompagnent les auteurs sur des aspects tels le marketing (Adrienne Sparks), le design (Jeff Huang) ou la rédaction (Aja Pollock). 30 000 auteurs sont passés par la plateforme et 1 800 livres ont été produits.
NEOMA ALUMNI – Pourquoi Reedsy fonctionne si bien selon toi ?
Emmanuel Nataf – Plusieurs choses. Premièrement, le marché en forte croissance. Le marché de l'autoédition aux Etats-Unis a triplé depuis que j'ai démarré Reedsy. Deuxièmement, la tendance actuelle vers l'économie freelance (35% des Américains travaillent en freelance), nous donne accès à des personnes talentueuses pour fournir des services. Troisièmement, Reedsy profite d'équipe de co-fondateurs solide. Nous avions beaucoup à apprendre (en recrutement, en marketing, en financement, etc.) et avons grandi avec la startup. Dernièrement, notre premier investisseur, Seedcamp, nous a beaucoup apporté. En particulier, Carlos Espinal, qui était également notre premier utilisateur, devenu auteur de Fundraising Field Guide (temporairement gratuit !).
Articles
Business Insider UK : http://uk.businessinsider.com/how-french-startup-culture-compares-to-america-and-britain-2017-2?IR=T
The Guardian : https://www.theguardian.com/small-business-network/gallery/2017/mar/02/world-book-day-small-businesses-celebrate-books-publishing-sales
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Twitter : @EmmanuelNataf
Instagram : https://www.instagram.com/tiberiade/
Crédits photos
© Emmanuel Nataf
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