L’ordre du jour de Eric Vuillard, aux éditions Acte Sud
Chaque mardi et samedi, le club littéraire des NOEMES se propose de piquer votre curiosité autour d'un ouvrage, écrit par l'une des plumes de notre réseau, mais pas que...
L’ordre du jour de Eric Vuillard, aux éditions Acte Sud
Premier Roman | Ouvrage Alumnus | Nouvelle | Autre |
20 février 1933 : 24 grands industriels allemands se réunissent dans le palais du président du Reichstag. Ils sont là pour définir ensemble la politique de leur pays ; une politique qui servira d’abord leurs intérêts et celui des entreprises qu’ils dirigent, détiennent le plus souvent. Il est facile d’imaginer quelles entreprises sont représentées, et l’auteur ne le cache d’ailleurs pas : Telefunken, IG Farben, Krupp, BASF, Bayer, etc. Ces 24 industriels doivent décider quel candidat ils doivent soutenir – et demander à leurs salariés de soutenir – lors de la prochaine élection du 5 mars ; et si c’était ce petit caporal autrichien à la moustache à demi-rasée, qui agit comme un clown et à ce titre ne peut pas faire de mal aux entreprises et que promouvoir l’industrie nationale ? Quelque 85 ans après, l’auteur imagine les conversations qu’ont pu avoir ces 24 industriels, dont la décision a tant changé par la suite la face de l’Allemagne et le cours du monde. Oui, il est facile de juger a posteriori et d’arguer après coup que ces 24 industriels étaient, soit des inconscients, soit des criminels ne portant aucune valeur à l’être humain ; cependant, Eric Vuillard tâche de placer le lecteur au milieu des réflexions de ces industriels. A leur place, et ignorant ce qui en découlerait, comment le lecteur aurait-il agi ? Extrait choisi : « Ils étaient vingt-quatre, près des arbres morts de la rive, vingt-quatre pardessus noirs, marron ou cognac, vingt-quatre paires d’épaules rembourrées de laine, vingt-quatre costumes trois-pièces, et le même nombre de pantalons à pinces avec un large ourlet. Les ombres pénétrèrent le grand vestibule du palais du président de l’Assemblée ; mis bientôt, il n’y aura plus d’Assemblée, il n’y aura plus de président, et, dans quelques années, il n’y aura même plus de Parlement, seulement un amas de décombres fumants. » ContactsPour nous contacter, un seul mail : |
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