Le dernier tigre rouge, de Jérémie Guez

Ce roman, premier du nom pour un auteur qui n’est pas un inconnu (il avait déjà reçu le prix SNCF du Polar en 2013), est sorti directement en édition de poche, les Editions 10-18 souhaitant lancer une nouvelle collection, « Grands détectives ». Pour autant, Le dernier tigre rouge n’est pas à proprement parler un roman mettant en avant un détective, mais un véritable roman de guerre : il retrace l’histoire d’un légionnaire pendant toute la guerre d’Indochine.

Alliant un style très dynamique (le lecteur est totalement pris dans le feu de l’action) et une intrigue qui tient en haleine de la première à la dernière page (vous comprendrez pourquoi en le lisant jusqu’au bout), Jérémie montre au travers de ce premier roman que les fées de l’écriture se sont penchées sur lui au berceau. Un grand talent se révèle ici.

Extrait choisi :

« A la nuit tombée, du haut de l’escalier qui menait à la misérable chambre qu’il avait louée à côté de celle de Gordov, Bareuil observa longtemps l’agitation de la ville en fumant des cigarettes. Toute la journée il avait vu des bourgeois se comporter comme des porcs, jouir sans entraves d’un pays pour lequel ils ne combattraient jamais. D’autres le faisaient à leur place, la Légion en tête. Il pensa à cette histoire impossible, à ceux qui aimaient ce pays et la France, aux Jaunes et aux Blancs, irréconciliables, ivres de haine. Lui-même était venu là pour des raisons obscures, celles pour lesquelles les gens se battent et tuent, pour venger, pour reconquérir les fantômes, ressusciter des êtres vivants dans les mémoires et les cœurs morts. »

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