Le prix, de Cyril Gély

En 1946, Otto Hahn reçoit officiellement le Prix Nobel de Chimie qui lui a été décerné deux ans plus tôt au titre de la découverte de la fission de l’atome. Or, il s’avère que cette découverte est essentiellement due à la collaboratrice d’Otto Hahn, Lise Meitner, qui a été totalement oubliée par le Comité Nobel, omission qu’Otto Hahn ne corrige jamais. A l’issue de la cérémonie de remise du prix, nous savons que les deux personnes ont une discussion tendue ; Cyril Gély imagine ce qu’a pu être cette conversation.

L’auteur réussit à transcrire dans ce huis-clos toute la tension qu’il devait exister entre les deux scientifiques, et il traduit par des mots bien choisis le mélange de sentiments, de haine-passion qui se dégageait alors probablement entre eux. Cet ouvrage est-il vraiment un roman, tant il ressemble à une pièce de théâtre ? A vrai dire, Cyril Gély n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’une de ses précédentes œuvres, Diplomatie, a déjà été adaptée à l’écran par Volker Schlöndorff. Je ne serais pas surpris de voir Le prix prochainement sur les planches.

Extrait choisi :

« Hahn rejoint la fenêtre, comme s’il désirait conserver une certaine distance avec Lise. En faisant mine de boire son whisky, il l’observe du coin de l’œil. Que veut-elle exactement ? Pourquoi aujourd’hui ? Qu’est-ce que Lise est venue fouiner, le jour précis de la remise du prix ? A-t-elle des reproches à lui faire, liés à son comportement pendant la guerre ? Ou avant la guerre ?

Devant l’afflux de questions, Hahn se sent perdu. »

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