J’aime bien Charles Consigny pour ses talents de critique, notamment dans ses billets d’humeur du magazine Le Point, et je me réjouissais à l’avance de pouvoir lire ce roman, le deuxième de sa jeune carrière (il a vingt-trois ans). J’avoue avoir été quelque peu déçu par ce livre, que je trouve plus comme étant une lancinante plainte sur ses amours malheureuses. Je n’y ai pas retrouvé cette étincelle qui donne une véritable dynamique et un entrain contagieux tels qu’ils existent dans ses rubriques journalistiques. Mais peut-être est-ce parce que je suis trop conservateur…

Extrait choisi :

«Une nuit, nous avons marché tous les deux très lentement, Matthias tenant son vélo à côté de lui, et arrivés à l’angle de deux rues où nous devins nous séparer, je l’ai pris dans mes bras, franchement, comme pour l’envelopper. On est restés face à face sur le trottoir, progressivement c’étaient deux visages tristes, nous ne sautions pas dans le vide. J’ai tourné le dos, avancé de cinq mètres, et Matthias a murmuré bon courage pour demain, j’avais un examen de droit quelques heures plus tard. Il n’avait pas bougé, il était toujours au même endroit avec son vélo. On avait parlé de ce livre, Matthias m’avait demandé ce que j’y disais et, à propos du titre, il ne s’appelle quand même pas Matthias ? Cette nuit-là, encore une, je ne me suis pas endormi, tournant et retournant les heures passées ensemble, et puis l’heure de l’examen est arrivée et j’y suis allé. En sortant j’ai reçu un message, ça allait ton examen ?. Le soir Matthias était de garde au SAMU, garde qu’il me racontait par texto au fil des interventions, et j’ai osé penser que peut-être j’étais aimé.» 

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