Troisième roman de Pierre Chavagné, La Femme Paradis est une déclaration d’amour à la nature ; déclaration qui s’exprime par la recherche de la liberté à tout prix face à la violence du monde actuel, quitte à même tomber dans les travers auxquels on cherche à échapper. Le personnage principal du roman est marqué d’un fort caractère, qui est susceptible de heurter certains lecteurs, mais il mène à la réflexion.

Ce qui marque essentiellement dans ce livre est la qualité de l’écriture : la maîtrise de la langue française est remarquable et la justesse de l’utilisation des mots dans leur acception première est limpide. Au milieu de la masse d’ouvrages faisant un usage approximatif de la syntaxe, de la grammaire et du sens, le lecteur bénéficie ici d’un véritable ballon d’oxygène. Rien que pour cette raison il est utile de le lire.

Extrait choisi :

« Son œil fixe la frontière. A l’ouest, une colline nue et ronde, tâchée de genêts ; à l’est, une forêt de pins noirs au garde-à-vous ; entre les deux, s’étirant du nord au sud, un plateau karstique, une étendue rase, sans arbre ni buisson, aux herbes trop courtes pur onduler dans le vent. Tout y est figé. Seules les ombres changeantes des plus gros rochers posés là insufflent la vie. Un sol lunaire sur lequel prospéraient moutons et chèvres quand il y avait encore des bergers. Aucune trace de chemin ni de construction. Les poteaux des clôtures ont été repris et brûlés. Un ruisseau dégoutte de la colline et serpente en pente faible entre les blocs de granit. Le débit est ténu. Elle n’entend rien. Allongée sur le ventre, immobile, l’humidité du sol infuse sa chemise à hauteur de poitrine, l’air glacé lui griffe les joues, un vautour fauve plane en cercle à son zénith, elle ne bouge pas. Elle attend. » 

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