Isabelle Autissier est une ancienne navigatrice au large de haut vol. Aujourd’hui elle a retrouvé la terre ferme et s’y attache pour la défendre de toute son âme ; elle fait partie des écologistes véritables qui joignent le geste à la parole, contrairement à nombre de politiciens. Et elle affirme sa foi au travers de ses romans.

Ce livre est d’une part un message d’alerte sur les dangers qui menacent Venise si des actions fortes ne sont pas prises à court terme, et d’autre part une ode amoureuse de la cité lacustre : on y voyage dans les ruelles et canaux, on s’imagine en défenseurs du patrimoine de la ville, on prend au jeu de la lute entre la richesse économique de la ville et de sa richesse culturelle. Et on se rend compte que tout cela relève d’un si fragile équilibre financier et environnemental, l’un et l’autre étant étroitement liés.

C’est un joli roman.

Extrait choisi :

« La brume sied bien aux ruines. Elle ourle les déchirures de la pierre, le saillant des poutrelles devenues inutiles. Elle berce de son voile la tristesse d’un encorbellement effondré, d’un toit béant, d’une façade aux fenêtres vides comme autant d’yeux morts. Et puis, ces vapeurs laissent l’illusion que le mal n’est pas irrémédiable, ce n’est peut-être qu’un effet d’estompe. On se prend à rêver que tout à l’heure, quand le soleil percera, il dissipera cette impression. Le flou se résoudra et les dommages n’apparaîtront pas si grands. Une main invisible relèvera la touche pause et la vie reprendra comme avant. Les rues s’animeront de passants, de touristes, et avec eux du crincrin des roulettes de leurs valises, des cris, des pétarades des moteurs des vedettes, de l’odeur de poussière et d’huiles recuites des restaurants. » 

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