Année sabbatique : partir, pour revenir à soi

S’octroyer une année sabbatique, beaucoup y pensent, mais peu se lancent ! Cinq alumni racontent ce « voyage initiatique » qui les a emmenés à l’autre bout Du monde… ou dans un ailleurs plus intime. Mais dont chacun est ressorti Transformé et doté d’un bagage irremplaçable pour tracer son chemin : La connaissance de soi.

Le déclic

Ils et elles se souviennent tous de l’instant précis où ils se sont dit : « Allez ! Je le fais ! » Et de l’état d’esprit dans lequel ils se trouvaient alors. Honneur à la plus jeune de nos « breakeuses », Louise-Marie Lemaitre (BBA 19 et MS EDM 20), qui s’envole en 2014 pour le Brésil juste après son Bac. « Je venais d’être acceptée à NEOMA Business School, mais je n’étais pas sûre de ce que je voulais faire de ma vie ! », confie la jeune femme. Elle s’inscrit au programme Youth Exchange de la Fondation Rotary et laisse la boussole hasard lui indiquer la direction. « On soumet à la Fondation une liste de 20 pays et on apprend au dernier moment où l’on va passer l’année, hébergé au sein de plusieurs familles. » 

Pour Louise-Marie, ce sera Ourinhos, une ville moyenne de l’État de São Paulo. En apparence, Geneviève Doang (PGE 10) présente un profil très différent. Elle sait où elle va. Son stage de fin d’études chez L’Oréal s’est très bien passé. La responsable RH lui fait clairement comprendre que les portes du leader mondial de la beauté lui sont ouvertes. Mais Geneviève lui avoue soudain qu’elle hésite encore entre deux voies. « Alors, de manière surprenante, elle m’a dit en souriant qu’en réalité je n’avais besoin que de quinze minutes pour prendre ma décision et suivre mon coeur, en mettant de côté barrières psychologiques, pressions sociale et familiale. » Dans le quart d’heure qui suit, Geneviève se revoit enfant, « dévorant les livres de contes et rejouant les histoires de jeunes filles pauvres et de princesses dans la cour de récré avec mes amies. » Et elle se donne un an pour suivre des cours de théâtre et tenter une carrière de comédienne.

Tout va bien mais...

Pour Thomas Decroix (PGE 94) et son épouse Laure Decroix (PGE 94), tout va bien. Directeur national des ventes chez Kraft Foods, Thomas mène à son terme le rachat de Lu. Laure est directrice de l’International au sein de Firmenich, entreprise familiale suisse de création de fragrances. « Tout allait bien, oui, mais on ne maîtrisait pas notre destin et le professionnel prenait beaucoup de place dans nos vies. » Tous deux passionnés de voile, ils mettent le cap en une nuit, en mer, entre Toulon et la Corse, sur un nouveau destin : naviguer un an, en famille, du côté des eaux chaudes des Antilles. « Mon boss de l’époque m’a dit : “Ça ne m’arrange pas… Mais fonce ! Moi j’en ai eu envie, d’une année sabbatique, et je n’ai jamais osé !” » Cette « procuration » signée, Thomas et Laure peuvent affiner un projet qui enchante leurs enfants, « de trois, six et neuf ans à l’époque. » 

Bénédicte Moreau (PGE 09), alors contrôleuse de gestion, et son compagnon Guillaume, ingénieur, n’ont « ni enfants, ni crédit immobilier, ni attache d’aucune sorte », se souvient en souriant la jeune femme, quand tous deux projettent de changer d’air : « On voulait avant tout quitter Paris ! » Ils vont finalement s’en éloigner de quelques milliers de kilomètres, vers l’Asie, puis l’Amérique du Sud, « à la découverte de cultures, de paysages, de modes de vie totalement différents des nôtres. » 

En 2015, Sébastien Dunod (PGE 05) souhaite lui aussi quitter la capitale, où sont installées les trois entreprises florissantes qu’il a fondées dans le secteur informatique, pour s’établir en province. « Mais délocaliser ou gérer à distance était impossible. Alors je les ai cédées et je me suis accordé un temps de pause, simplement pour réfléchir à la suite. » Trois jours après la vente, sa compagne lui annonce que leur souhait d’avoir un enfant allait se concrétiser. Leur vie va alors prendre un autre tournant.

Rédaction par Patrice Theillout

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