La décision, de Karine Tuil aux Éditions Gallimard
Chaque mardi, le club littéraire des NOEMES se propose de piquer votre curiosité autour d'un ouvrage, écrit par l'une des plumes de notre réseau, mais pas que...
La décision, de Karine Tuil aux Éditions Gallimard
Premier Roman | Ouvrage Alumnus | Nouvelle | Autre |
Tout magistrat porte une lourde responsabilité dans le jugement qu’il rendra, surtout lorsque ce magistrat est juge d’instruction dans les affaires de terrorisme. Karine Tuil montre avec précision et une grande sensibilité le parcours mental qu’in tel magistrat suit avant de prendre une telle décision : la personne jugée est-elle coupable, et mérite-t-elle le jugement que je m’apprête à rendre ? puis-je me permettre de l’emprisonner de nombreuses années, voire la vie durant, si elle est innocente comme elle me l’affirme ? et si je la relâche alors qu’elle est vraiment coupable, quelle responsabilité porté-je si elle passe à l’action ? suis-je moi-même complice ou victime de ce système ? Tant de questions que pose Karine Tuil entre les lignes et auxquelles le lecteur, pris par le contexte, finit lui-même à se personnifier. Un très beau roman qui amène à s’interroger sur la manière dont nous nous comporterions en pareille situation, et qui nous donne une vision prégnante du métier de juge d’instruction, forçant l’admiration du lecteur pour ces personnes. Extrait choisi : « J’exerce un métier difficile, un métier de conflit, avec le temps, je m’y suis habituée, je suis en conflit avec les avocats, les enquêteurs, les victimes, les détenus, et, quand je rentre chez moi, je suis en conflit avec mes proches parce que je n’ai plus d’énergie pour les écouter, j’arrive le corps électrisé par la fureur que les récits dégagent – je passe mes journées à interroger des gens qui me détestent, se méfient de moi, me provoquent, voire m’agressent verbalement – et parmi ces innombrables conflits, il y en a un que je redoute plus que les autres parce qu’il génère un ressort émotionnel difficile à maîtriser, c’est la confrontation avec les victimes, directes ou indirectes, les associations, toutes les parties civiles – perce qu’on n’est pas toujours apte à affronter le chagrin des autres. » Contacts Pour nous contacter, un seul mail : |
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