LE SECTEUR A PLUTÔT BIEN RÉSISTÉ À LA PANDÉMIE. À L’ÈRE DES SMARTPHONES, L’INDUSTRIE S’ADAPTE. DÉSORMAIS, LES AUTEURS INTERAGISSENT AU QUOTIDIEN AVEC LEURS LECTEURS SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX. DÉCRYPTAGE DE NOS ALUMNI.
Séverin Cassan (PGE 99) | Lionel Arnaud (MS MPEA 08) | François Rossignol (PGE 89) |
Rachel Duc (PGE 97) | Florence Martin (PGE 86) | Marie Vautrin (PGE 12) |
Une véritable guerre de l'attention
C’est une véritable guerre de l’attention qui oppose aujourd’hui les livres et les écrans. La navigation sur les réseaux sociaux, chez les jeunes comme les moins jeunes, prend le pas sur les bouquins. C’est pourquoi le président de la République a fait de la lecture une grande cause nationale, jusqu’à l’été 2022. « Les digital natives constituent la première génération à ne pas considérer le livre comme le support d’accès principal à la connaissance », souligne Séverin Cassan (PGE 99), directeur
général délégué aux Éditions de la Martinière. L’enjeu est donc de taille. D’après une enquête PISA, une demi-heure de lecture quotidienne permet des progrès importants en français.
Le secteur de l’édition a déjà fort à faire pour rester attractif à l’ère des smartphones. Il a dû par ailleurs composer avec le choc du Covid-19. La production éditoriale tricolore a chuté de 9 % l’an dernier, passant sous la barre des 100 000 titres et des 500 millions d’exemplaires. L’industrie du livre a néanmoins démontré une belle résilience. Dans un contexte déprimé et malgré la fermeture des librairies, les ventes totales n’ont cédé que 2 %, à 2,7 milliards d’euros (voir encadré page suivante). Elles ont notamment bénéficié des forts rebonds d’activité post-confinement à l’été et à la fin de l’année 2020. « La lecture est revenue au goût du jour, avec une appétence marquée pour des produits d’évasion comme le manga ou la bande dessinée », décrypte Lionel Arnaud (MS MPEA 08), ex-responsable du pôle marketing et digital du groupe Delcourt, premier éditeur indépendant de bandes dessinées en France (650 nouveautés par an). Et la tendance semble encore plus porteuse en 2021. « Les libraires font un début d’année exceptionnel, avec des taux de croissance de 15 à 20 %. Ils ont bénéficié au premier semestre de la fermeture des cinémas et des théâtres », relève François Rossignol (PGE 89), directeur de Livres Hebdo, plateforme d’informations dédiée aux professionnels du secteur.
Le travail à distance a bouleversé les pratiques, forçant les maisons d’édition à accélérer la dématérialisation de leurs processus. « Une petite révolution pour nous et nos auteurs ! Ils ont dû prendre en main des outils tels que Teams et se faire à la
numérisation de tâches comme la relecture ou la correction d’épreuves. Nous avons dû tous nous former au pas de course », raconte Rachel Duc (PGE 97), directrice du département Éducation Grand Public aux Éditions Hatier. À défaut d’événements physiques, les maisons ont mis en place des rencontres virtuelles avec les libraires et les auteurs. Une occasion d’innover. Les Éditions de la Martinière, par exemple, ont créé une visite digitale d’un appartement parisien dans lequel étaient placés leurs ouvrages. Les acheteurs étrangers pouvaient se déplacer dans le logement et cliquer sur les livres pour consulter un extrait ou prendre contact avec les chargés de droit. « Cela a été efficace. On reproduira l’expérience dans le cadre d’événements hybrides, mêlant off et on-line », apprécie Séverin Cassan.
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