Back to news
Next article
Previous article

Margaux Rebourcet (PGE 17) : un esprit créatif effervescent !

Portraits d'alumni

-

01.27.2021

Désolé, ce contenu n'est pas disponible en English

Margaux Rebourcet (PGE 17) bouillonne d’énergie ! Après plusieurs années dans le secteur du luxe, elle décide de se rediriger vers la sphère du développement durable, tout en redonnant toute sa place à sa passion, qu'est la peinture. Un choix qui semble porter ses fruits, ses travaux ayant été remarqués récemment par le prestigieux New York Times ainsi que Vacant Museum ! Portrait d'une artiste confinée dont l'esprit voyage pourtant beaucoup !

Margaux Rebourcet (PGE 17)

 Votre carrière a débuté dans le domaine du luxe, au sein du groupe PUIG (Paco Rabanne, Jean-Paul Gaultier, Louboutin…), où vous avez créé en mode startup une marque de parfums, devenue ensuite une marque lifestyle (parfums, cosmétiques, maquillage et textile). La peinture vous accompagnait déjà durant cette première étape ainsi que vos études ?

La créativité a toujours eu une place de choix dans ma vie. Je dessine et peins depuis ma plus jeune enfance en autodidacte. J’ai été et suis portée par une passion commune aux membres de ma famille sur plusieurs générations.

J’ai choisi le marketing développement dans le luxe, car il me permettait d’allier mes sensibilités artistiques et créatives avec du business. On vend de la beauté, on crée des tendances, on diffuse des rêves. En École à Reims, j’ai dessiné des logos et quelques affiches pour les associations de mode et de couture auxquelles j’appartenais. Et j’ai été très satisfaite par les cours d’arts plastiques donnés par Pierre, un étudiant des Beaux-Arts de Reims via le BDA. Moi qui apprenais tout en observant les membres de ma famille, j’avais accès à des cours techniques et théoriques.

Dans le cadre professionnel, ma créativité est un atout, et d’un point de vue technique, mes capacités en dessin ont été très utiles. Chez Puig (Paco Rabanne, Jean-Paul Gaultier…) nous devions, en mode startup, créer une marque « digital native » de parfums et maquillage, féministe, en utilisant des illustrations de femmes. Avant de signer et travailler avec l’artiste en charge de l’illustration, nous devions vendre le projet en interne. Mes capacités en dessin nous ont permis de gagner beaucoup de temps dans cette phase et de bien illustrer notre intention créative selon le style de l’artiste.


C’est suite à cette expérience dans le domaine du luxe que vous avez souhaité vous reconvertir dans le développement durable. Est-ce le secteur qui vous l’a inspiré ou bien était-ce au contraire en réaction à un engagement trop peu affirmé à votre goût ?

Travailler sur une marque à fortes valeurs sociales et politiques supposent aussi des engagements écologiques. Nous avions d’un côté, une demande de la part des consommatrices d’avoir des produits véritablement responsables (socialement, environnementalement et économiquement), et de l’autre, des convictions personnelles au sein de l’équipe. Même si les sujets environnementaux sont d’actualité depuis de nombreuses années, ils n’avaient pas de résonance dans les décisions prises dans le monde de la Beauté et des Parfums. 

Quoi de mieux qu’un projet startup pour challenger les mentalités des décideurs, les process et les manières de produire ? Pourtant, malgré l’enthousiasme et l’envie de proposer une vision durable pour la nouvelle marque, le changement dans les grands groupes est une chose très complexe. Nous avions déjà des sujets féministes, rajouter des sujets de développement durable « c’était trop ». Les coûts prohibitifs des packagings dits durables n’aidaient pas non plus à convaincre. Cela coûtait en 2018/2019 encore trop cher pour devenir la tendance majeure. Espérons que 2021 et les prochaines années soient pivot. De mon côté, j'en ai conclu que je voulais produire différemment et faire partie des nouvelles solutions.

À côté de votre travail, vous avez une passion : la peinture. Et puis, en mars dernier, il y a ce premier confinement, une envie de partager vos œuvres, et de prestigieuses mises en lumières de votre travail : le New-York Times, et le Vacant Museum. Racontez-nous cette belle aventure !

Je me suis remise à peindre pour moi après mon départ de chez PUIG. Et en 2020, j’avais ramené dans mes bagages de voyages à New-York et à l’Ile de la Réunion, des souvenirs, des formes, des couleurs : beaucoup d’inspiration et du temps, ce que j’avais perdu lorsque j'étais en fonction. Je voulais partager mes peintures avec mes connaissances sur Instagram, sans aucune ambition professionnelle, en parallèle des débuts de ma reconversion professionnelle. J’ai commencé à peindre sur le confinement qui venait à peine de débuter. Un premier confinement qui interrompait nos vies, l’économie et pour moi un CDD en vente.

Un matin, très mal réveillée à 5h, je regarde mon téléphone et vois ce message d’une journaliste du New-York Times. En état de demi-sommeil je pensais que je rêvais. J’avais moins de 30 followers sur mon compte Instagram ! Amelia Nierenberg, journaliste du New-York Times était pourtant bien réelle. Elle me contactait pour publier une de mes peintures du confinement. Celle qui l’avait interpellée, pour son article sur « The Quarantine Diaries », est une nature morte représentant le premier jour de confiné. J’y représente ce que je perçois être notre nouvel environnement, constitué de nouveaux objets, ces must-have inédits, c’est-à-dire du gel hydroalcoolique et beaucoup de vitamines. J’ai continué la série avec les « essentiels d’un confinement réussi » sur les ruptures de stock de certains produits de consommation.

Cet article a été un tremplin, à mon échelle bien entendu. A la différence d’une marque créée à plusieurs pour un groupe, c’est ici très personnel. Donc cette première publication, qui plus est dans un des plus grands journaux du monde, le New-York Times, c’est une immense fierté ! J’ai ensuite été publiée dans le Vacant Museum dans la rubrique « The Next Generation » qui présente leur sélection de nouveaux artistes. 

Ces évènements sont porteurs : ils motivent et en même temps, je dois maintenir le niveau ! L’aventure commence maintenant, avec la mise en ligne du site le 23 décembre 2020. Vous y trouverez quelques peintures et tirages sur l’e-shop. C’est une première vitrine digitale avant de pouvoir exposer.

Voir le site


Vos travaux comportent de nombreuses œuvres qui mettent en exergue des objets de ce qui est désormais le quotidien : gel hydroalcoolique, mais aussi des objets plus ordinaires, offrant au public des natures mortes marquées par leur temps. C’est important pour vous cette dimension de témoignage des artistes, qui participent à représenter pour demain, ce que fût hier, ce qui est aujourd’hui ?

Dans le cadre du premier confinement, j’ai voulu représenter ce monde nouveau, qui ne se vivait plus en extérieur mais complètement en intérieur.

Nos cadres de vie ont toujours fait l’objet de mise en scène sur les réseaux sociaux. Cette fois-ci, la majorité de la population forcée de vivre 24h/24 enfermée, les a redécouverts. Un nouveau type de mise en scène est apparu. On n’a jamais autant vu d’intérieurs et objets en story sur Instagram, application que je trouve fascinante. L’application a changé complétement nos rapports aux images, celles que l’on regarde et celles que l’on veut transmettre de nous (mon mémoire de fin d’études tentait d’analyser l’impact d’Instagram sur la créativité des designers dans la mode). Je voulais ainsi reprendre ces codes esthétiques en y intégrant ces objets de confinement et de pandémie. C’était un Quarantine Diaries. Un témoignage artistique de ce que je voyais. Cependant, je n’ai pas continué pendant le second confinement, et ne pense pas forcément le refaire.

Sur la valeur « témoignage » des artistes, je ne crée pas dans ce but. Il y a certainement des artistes qui sont dans cette démarche pure. Thomas Levy-Lasne, par son hyperréalisme propose « une esthétisation calme du réel » (je cite son site), vous répondrais peut-être positivement. C’est indéniable que les artistes sont comme des prismes par lesquels une ou des réalités sont diffusées. Pour les Quarantine Diairies la valeur témoignage est évidente.

Mais globalement, je cherche plus à atteindre la Beauté, à la saisir. Cette beauté peut être celle d’un visage, d’une situation, d’un lieu, d’une atmosphère, d’un sentiment. Ils sont bien réels mais mouvants, du coup ils m’échappent totalement, et j’ai par la peinture le rêve de les figer, de les exposer. C’est une tentative de partager une vision du monde, à travers mon prisme. Cela peut constituer en soi un témoignage, mais ce ne sera pas un témoignage historique qui pour reprendre votre question, « participe à représenter pour demain, ce que fût hier, ce qui est aujourd’hui ».

On discerne de nombreuses influences dans votre style, entre pop art et surréalisme, avec un traitement de la couleur, de la matière, des formes et des sujets qui peuvent évoquer les travaux de Bernard Rancillac, Joan Miro, Francis Arp ou encore Giorgio Morandi et Giorgio de Chirico. Vous revendiquez-vous d’un héritage en particulier ? Qu’est ce qui vous a poussé vers le style qui est aujourd’hui le vôtre, et que vous permet-il tout particulièrement ?

Je n’ai pas du tout la prétention de revendiquer un héritage : mon héritage familial est bien suffisant. J’ai la chance d’avoir une famille qui nous a poussées à être créatives par la danse, la musique, la peinture et les mots : à regarder différemment surtout.

Je ne peux pas non plus réfuter que je voue une admiration à des peintres, pour leur technique, leur identité créative, pour leurs prouesses et leur version de la beauté. Gauguin, Matisse et Van Gogh sont des inspirations pour la couleur. Ils ont une telle maitrise que s’en est parfois vertigineux. Ça vibre, ça vit. J’admire Picasso par son œuvre de déconstruction, il s’est libéré des formes telles qu’elles nous sont présentées par nos sens. J’ai récemment découvert la peinture danoise et j’ai fait mon stock d’inspiration au Statens Museum of Kunst de Copenhague. Notamment Vilhelm Lundstrom avec qui je partage l’amour de la clémentine ou orange comme point de lumière dans la nature morte. Je suis particulièrement admiratrice de son portrait d’Emil Bønnelycke.

Par ailleurs, j’ai toujours aimé les natures-mortes. Je me souviens d’une exposition dédiée au Prado en 2017, j’étais heureuse de voir toutes les variétés. C’est techniquement parfait et si riche en symboles. Par exemple le citron dont la peau pelée tombe en ruban est une manière de signifier le passage du temps. J’aurais aimé voir et observer ces grands peintres, non pas par vanité, mais pour comprendre qui ils sont, pour avoir produit autant de beauté.

Mon style est un mélange de tout cela, ce que je vois, ce que je ressens et ce que j’admire.


Il y aura, fort heureusement, un après Covid-19. Ce sera toujours le quotidien qui restera votre source d’inspiration principale ?

Le quotidien restera bien entendu ma source d’inspiration. Il n’y a rien de plus beau. Enfin tout dépend du quotidien. J’ai du temps actuellement, c’est un luxe. Et prochainement je ne l’aurais plus, mais je m’arrangerais pour garder l’inspiration.

Projetez-vous de mêler vos talents pour la peinture et votre projet dans le développement durable ? Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce dernier ?

Mon expérience chez PUIG, durant laquelle j’ai utilisé mes talents de dessin, m’a enseigné une leçon : « Business is business ». Je n’envisage pas de mêler la peinture au développement durable : je compartimente. J’ai lancé mon site dans le but de concrétiser ce projet artistique. Maintenant je me focalise sur la concrétisation de ma reconversion en développement durable.

Mon passage chez PUIG m’a permis de faire l’expérience de mes capacités d’apprentissage « sur le tas ». J’ai élargi mon champ de compétences dans un cadre de création de marque, en deux ans et demi. J’ai appris les métiers de chef de produit développement en parfum, en maquillage, en soins et textile, en plus de missions en content création. J’ai donc cette mentalité qui consiste à penser que seule la pratique peut m’apprendre un métier en la complétant par des cours en ligne. 

Début 2020, au moment où je décide de cette reconversion, j’arrive avec une motivation inébranlable. Je me voyais participer à l’émergence de solutions de packaging dans les cosmétiques, chez les fournisseurs ou dans des agences d’éco-conception. Je rêvais de trouver les innovations permettant de faire des tonnes de déchets plastiques les futures matières premières pour tous ces millions de tubes créés chaque semaine, consommés puis jetés. Malheureusement beaucoup de plastiques ne sont pas recyclables. Je suis convaincue cependant que le futurs verra naître des solutions et j'espère y contribuer.

J’ai mis du temps à accepter l’idée que je devais repasser par une formation avant d’avoir l’opportunité de faire tout cela. Je m’intéresse à l’économie circulaire : j’ai commencé par des MOOCs puis par du concret avec en septembre/octobre l’analyse d’un projet de startup traitant de la gestion des invendus non alimentaires.  Mes recherches sur les métiers et échanges avec des personnes en poste en agences de conseil (PIMLICA), d’éco-conception (Coopérative Mu, Maobi, Agence Think + …) et de recrutement (Birdeo) ont révélé l’importance du diplôme, même dans ce secteur en pleine construction. Dans mon cas il s’agit de faire un master spécialisé ou monter un projet startup. 

Voici comment se dessine ma reconversion, dans l’économie circulaire, dans la Beauté très probablement : la suite dans quelques mois !


La peinture entrera-t-elle un jour pleinement dans votre carrière ?

A partir du moment où j’ai lancé le site vitrine et l’e-shop, elle est entrée dans ma carrière. J’ai un statut d’artiste-auteur. Je ne conçois pas ma carrière comme un projet linéaire. Je suis trop curieuse pour cela, j’ai déjà des idées dans des secteurs très variés. Je pense et espère que j’aurais l’opportunité d’avoir plusieurs carrières sur des sujets durables, dans la peinture et bien d’autres domaines. On peut créer tellement de ponts entre les disciplines !


Quel message souhaiteriez-vous partager avec le réseau pour le mot de la fin ?

Le confinement a pu permettre à certains de redécouvrir des passions qui avaient été laissées de côté. Entretenir quand on le peut ses passions procure un vrai plaisir et apporte des satisfactions personnelles. La créativité ne se limite pas à l’art, elle est protéiforme. N’hésitez pas à partager vos fiertés professionnelles/personnelles.

Quand la situation le permettra, je serais heureuse de vous rencontrer à des évènements Alumni. J’ai eu la chance d’échanger avec des Alumni à différentes étapes de ma jeune carrière. Je tiens à les remercier. Ils ont pris le temps d’échanger, de conseiller et de partager leur expertise. Ce réseau de Néomiens est une richesse.

En attendant les évènements alumni, venez visiter mon site margauxrebourcet.com pour découvrir mon univers créatif !

Bonne année à toutes et à tous.



J'aime
2096 vues Visits
Share it on

Comments0

Please log in to see or add a comment

Suggested Articles

Portraits d'alumni

Tatiana Dary, une Cesem au parcours inspirant : de 22 ans de salariat à entrepreneure à impact

photo de profil d'un membre

Baha-Can Karabag

September 09

Portraits d'alumni

Découvrez la série de podcasts #Mentor avec Stéphane Roques (PGE 95) : Une leçon d'engagement et d'innovation en santé, en 4 épisodes

photo de profil d'un membre

Baha-Can Karabag

August 26

Nomination

Vincent Goupil est nommé Partner de Jasmin Capital

photo de profil d'un membre

Zelal Kahraman

January 08