La septième fonction du langage de Laurent Binet, aux Éditions Grasset

Voici un ouvrage qui se situe entre le roman et l’essai philologique. En effet, partant du décès accidentel de Roland Barthes en 1980, Laurent Binet imagine une enquête policière autour de la lutte entre les grands intellectuels et philosophes de l’époque pour déterminer quel est le plus grand linguiste d’entre eux. Il décrit avec une précision malicieuse la personnalité et le comportement de chacun face à cette quête du graal qu’est la septième fonction du langage (le lecteur moyen que je suis apprend au passage que tous les linguistes reconnaissent six fonctions au langage). Commençant doucement par des exposés sémiologiques nécessaires pour planter le décor, le texte prend au fil des pages de plus en plus de rythme pour in fine porter son lecteur dans un vortex passionnant.

Il n’est pas étonnant que ce livre ait obtenu par la suite à la fois le Prix du Roman FNAC et le Prix Interallié.

Extrait choisi :

« Admettons que la septième fonction du langage soit bien cette fonction performative. Elle permet à celui qui la maîtrise de convaincre n’importe qui en n’importe quelle circonstance, d’accord. Apparemment le document tient sur une feuille, mettons recto verso, écrit petit. Comment le mode d’emploi d’un truc aussi puissant pourrait-il tenir en si peu de place ? N’importe quel manuel technique, pour un lave-vaisselle ou une télé ou ma 504 fait plusieurs pages. » 

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