Gabriel Milési, grand journaliste économique qui a rédigé un certain nombre de biographies et d’essais liés à son sujet de prédilection, se lance avec cet ouvrage dans le thème du roman historique. Il imagine comment une comtesse vénitienne se prend au jeu de la politique internationale et des arcanes de la diplomatie au tournant du dix-neuvième Siècle. Mélangeant l’ambiance feutrée de la décadence vénitienne, les luttes de pouvoir politiques et les turbulences liées à la Révolution Française, l’auteur retrace ici un joli portrait de la guerre de velours (et parfois plus directe) que pouvaient de porter les différentes sensibilités européennes à la fin du Siècle des Lumières. A bien des égards, ce roman pourrait se calquer sur l’époque actuelle. Toutefois, ce roman laisse un goût d’inachevé par quelques imperfections (tant sur le fond que sur la forme) qui lui ôtent la possibilité d’entrainer jusqu’au bout son lecteur. Mais pour un premier roman, il est assez réussi.

Extrait choisi :

« Tous les patriciens qui fréquentent mon salon tombent l’un après l’autre dans mon camp. Voyant jour après jour son adversaire marquer des points, Gradenigo tente alors de corrompre les électeurs. Théoriquement, la constitution vénitienne rend impossible un tel acte. Le collège électoral choisissant le Doge, est désigné par une succession de tirages au sort. Il est donc impossible de savoir à l’avance qui corrompre. Mais peu à peu, le nombre de patriciens se réduisant, il est très cher, mais encore possible d’influer sur le scrutin. Quelques-uns cèdent aux cornes d’abondance. » 

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