Nicolas d’Estienne d’Orves a pour réputation d’écrire, outre de belles biographies (par exemple sur Offenbach), des romans assez sombres. Progressivement il s’oriente vers plus de légèreté. « Ce que l’on sait de Max Toppard » est un exemple emblématique de cette transition : en s’inspirant du nom d’un personnage inconnu (et pourtant réel) du monde du cinéma, Nicolas d’Estienne d’Orves crée un roman qui mélange le romantisme, l’espionnage, le policier et le fantastique sur le monde du cinéma. Du début du XXe Siècle aux années 1960, l’auteur nous fait voyager au travers des progrès de la cinématographie, du muet au parlant, des saynètes animées aux grandes fresques, du film érotique à l’art nouveau, de Méliès à Godard, et avec en toile de fond les deux Guerres mondiales, les années folles, la crise de 1929 et le début des Trente Glorieuses. Au point que le lecteur n’arrive plus à distinguer le vrai du roman.

Un beau roman qui se lit avec plaisir.

Extrait choisi :

« Max Toppard est un génie. Son talent est à la hauteur du silence qui entoure son œuvre. Dans certaines religions, le saint des saints qu’est visible qu’aux initiés. D’autres cultes interdisent de représenter le créateur, de prononcer son nom. Regarder Toppard dans les yeux, c’est fixer la méduse.

Et pourtant Caroline l’a fait.

Elle est entrée dans le film. Elle a entendu, senti, touché, parlé. Les mots du dialogue étaient les siens, ces silhouettes sur l’écran étaient celles de sa vie : ses proches, ses amis, mais aussi l’immense armée des inconnus de son quotidien, qui occupent son champ de vision comme des figurants traversent l’écran, pour faire vrai. » 

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